"Tresses sylvestres" 2

5 - L’ENVELOPPE

Le 1er juin, je reçois la bonne nouvelle : ma candidature est retenue ! De l’envie, de l’excitation et de l’appréhension aussi. J’avance en terre inconnue… une forêt de tresses à apprivoiser pour un défilé. Donner corps et âme à ce que j’ai imaginé, testé et trouver le temps. Attendre les tresses commandées, quelques jours…L’enveloppe est là, un petit paquet pour un grand métrage. Elles sont enroulées, endormies, comme dans un nid. Wouah !

La tresse plate me déstabilise par son dessin très marqué, très écossais quand elle est dépliée. C’est davantage sa luminosité et ses couleurs mêlées qui m’intéressent. Je vais la vriller, la tresser ou la tisser pour raconter autre chose. Je vais l’associer à ses opposées, les tresses rondes, discrètes et mates, en coton tout doux.

Pour structurer mon super tissu plissé couleur de feuilles, la tresse ronde et fine qui brille dans la même tonalité s’est imposée. Elle ondule comme un serpent dans l’herbe. Me voilà parée, comblée, je peux commencer.

6 - LE TISSSAGE

Enfant, je tissais l’été, avec Maman, sur un grand métier à pédales, à la campagne et j’adorais ça. L’envie de tisser dans la nature surgit alors dans mon projet. Sortir du cadre, trouver un support facile à transporter et rustique pour un tissage primaire, répéter un geste séculaire les pieds nus dans l’herbe… dessus, dessous, dessus dessous…

Mon échelle de bambou fera l’affaire. Je vais d’abord réaliser la chaîne, préalable au tissage. Je neveux pas choisir un fil trop fin et trop serré qui risque d’emprisonner mes tresses. Alors, je fouille dans mes tiroirs à trésors vintage et je trouve de jolies passementeries aux coloris assortis !  Pourquoi pas ! Je me lance le 27 juillet. Je m’installe au bord du Dorlay, pour être complètement raccord avec le paysage. Quel bonheur !

7- LA TRAME

La trame du tissage, la trame de l’histoire : des tresses, plates et rondes, brillantes et mates. Le récit se construit au fil de l’eau, à plusieurs voix : les tresses, la chaîne, mes doigts, mon œil et la nature environnante.

Merci à celles ou ceux qui ont tressé avec art et savoir ses belles tresses !

8 - LE JEU

Bienvenue dans mon spot de tissage, au bord du Dorlay. Les reflets de l’eau se tissent en arrière plan. J’ai eu grand plaisir à tisser de manière primitive, ludique et libre !

Les couleurs autant que les matières entrent scène :chacune, chacun, a son moment de gloire, son solo improvisé qui fait mouche !La tresse ronde bourgeonne, la tresse plate se « détresse », se torsade multicolore et un brin de genêt s’invite en liesse.

Varier les effets. Tresser les tresses… entrelacer lignes et matières en volume. Bouquet final : tisser la tresse des tresses…

9 LE GESTE

Il y a quelque chose de méditatif dans le tissage, ce geste répété pour faire passer du bout des doigts la tresse dessus, dessous, dessus, dessous… Être là, concentré sur l’instant présent, ce moment où la tresse dessine son histoire en ondulant. Les surprises qu’elle m’offre, son refus parfois de passer, sa façon joueuse de se tordre ou de disparaître, en trompe l’œil…

10 LE TRONC

Mon tissage terminé, l’arbre s’impose. Le tronc est un corps noueux qui s’enroule de tresses dans l’allégresse. L’idée de faire un corset s’efface, c’est un drapé oblique qui s’impose. Oblique comme le tressage. Oblique comme un lierre qui grimpe.

11 LES LIANES

L e 4 août. Toujours la forêt ! La partie haute du vêtement, tissage de tresses, vient s’unir à la partie basse, en tissu plissé, comme un fouillis végétal.

La tresse ronde et verte va s’accrocher au tissu, comme un lierre, et va structurer le volume de cette jupe-pantalon. Ces lianes sont modulables grâce aux multiples passants réalisés en croquet qui sont cousus dans les plis du tissus.

Mouvement et liberté. Jouer sur les diagonales.

Les premiers épisodes de cette série sont le post précédent et la suite dans le prochain !