Magie indigo
Rencontre avec Myriam Chauvy, sur la route de l'indigo au pays du Soleil levant, les mains bleues de la Croix rousse.
TadayôKoeda, signifie « Brindille Flottante », surnom donné par une amie lors de son premier séjour au Japon. C’est le nom qu’a gardé Myriam Chauvy pour représenter son univers et ses créations textiles. J’ai eu la chance de faire sa connaissance. Sa personnalité, son travail artistique, son chemin, son amour du Japon me touchent et m’inspirent beaucoup. Très envie de vous la présenter…
Quel est ton chemin jusqu’à l’indigo ?
« Petite fille de culottière (couturière de pantalon), fille de tisseuses dans le monde industriel, j'ai choisi une voie artistique autour du fil, de la fibre, de la couleur après des années d'études en arts appliqués. L’indigo est utilisé dans de nombreuses régions du monde. Fascinée par la richesse culturelle japonaise depuis de nombreuses années, et grâce à la rencontre avec Betty de Paris, experte en plantes tinctoriales, j’ai choisi d’explorer la technique traditionnelle nippone aizome. Je prépare des cuves éco-durables à base de compost de polygonum tinctorium (sukumo), appelé aussi renouée des teinturiers.»
Que recherches-tu quand tu pratiques la teinture indigo ? Un acte technique, artistique, philosophique, un rituel magique ?
« La recherche d'un essentiel, peut-être, un refuge : une sorte de sérénité que je le trouve les mains dans le bleu, l'apprentissage sans fin d'une technique ancestrale, naturelle, une recherche plastique, la transmission, l'expression d'émotions comme d'autres le font par l'écriture ou la poésie.
Cette pratique demande d’accepter le travail du temps et l’imperfection. J’aime son caractère magique et ancestral, comme un contre-pied au « tout, tout de suite » ambiant.
Quelle est ta matière préférée?
« Les fibres naturelles et sèches, plus particulièrement le chanvre avec un tissage irrégulier. »
Trois mots que tu aimes et qui parle de toi, de ton travail :
« Discrétion, humilité, wabi-sabi ».
Le Japon et toi en une phrase…
« Pas si simple, je crois que c'est comme une histoire d'amour... pas un jour sans y penser... une image, un son, une odeur, une sensation...
Lorsque l'on me demande "Pourquoi le Japon?", je suis bien embêtée, je crois qu'il était là depuis toujours, il s'est naturellement révélé avec la découverte de la poésie courte, la littérature, des estampes, des rencontres décisives telles que Betty de Paris (Sensei, mon maître), et le contact physique avec des voyages .
La sonorité, ça te parle ?
"Les herbes folles
Se couvrent d’automnes
Je m’assieds
T. Santôka
.........et puis… la douce musique du silence..."
et la sororité ? "Créer, c’est aussi fabriquer des accroches pour tisser des liens, réunir des mondes, faire dialoguer des sensibilités, partager des valeurs qui nous semblent justes. Partager, échanger, promouvoir, c’est aussi revendiquer que, dans le monde du textile, les femmes ne sont pas (uniquement )des petites mains."
Ta prochaine expo…
« Kawakaze » (de l'eau, de l'air, du bleu, du bois...).
Deux collaborations simultanées, des pièces uniques de prêt-à-porter avec Albane Olika et des sculptures de bois avec Kasia Kmita... dès le 12 mai lors de la soirée des Influences Nocturnes à la Croix Rousse. Certaines pièces seront également visibles chez la céramiste Laurence Fontaine. #influencesnocturnes,12 rue du Chariot d'Or et Place Bertone Lyon 69004.
Merci Myriam pour ce partage !
Les photos d'exposition ont été prises lors des Journées du Matrimoine à Saint-Julien Molette (42). Photos 8, 9 et 12 de Vincent Noclin.