Femmes inspirantes

La vie est riche de rencontres, certaines nous surprennent, nous déstabilisent, d'autres nous enchantent, nous questionnent et nous ouvrent le chemin. J'ai eu la chance d'approcher brièvement une icone de la mode, Chantal Thomass. C'était au musée d'art et d'industrie, à l'occasion de l'exposition "Rubans intimes". Je vous livre le texte que j'ai écris et lu pour elle, ce jour-là.

Madame Chantal Thomass,

de vous à moi,

Enrubannée, je suis, par votre audace

Grande prêtresse aux talons noirs, aux lèvres carmin mat.

Pour moi qui me lance dans la mode, styliste éco-féministe en devenir, vous êtes une créatrice magnifique, et, plus encore, une inspiratrice !

C’est d’abord votre liberté qui me booste, liberté de femme, liberté d’entrepreneure, liberté créatrice, liberté d’être différente, d’être vous-même.

Une phrase de vous qui me touche beaucoup : «  Je dessinais des vêtements que ma mère cousait. »

Vous n’avez que faire des tendances et je vous suis dans cette idée. Vous êtes instinctive, vous laissez votre cœur parler, en oubliant les regards de travers de ceux qui ne sont pas encore prêts à adopter votre modernité et c’est pourquoi vous avez été la première à faire monter la lingerie sur les podiums.

Même si quelques unes vous ont bousculée sur ce point, vous êtes pour moi féministe, pour la liberté revendiquée et prise, parce que vous aidez les femmes à être elles-mêmes, en portant ce qui leur plaît, ce qui leur ressemble, ce qui les amuse.

« Je m’amuse », cette expression revient souvent dans votre bouche rouge et cet esprit malicieux, joyeux, frondeur me touche beaucoup car Là est notre source créative, notre enfant retrouvé et je partage votre plaisir à le convoquer dans une lingerie ou un accessoire.

L’accessoire dans votre vie de créatrice est essentiel, il porte l’esprit et il donne les indices discrets ou ostensibles de qui nous sommes. Les dessous de Chantal Thomass ont transgressé la règle : ils sont passés dessus. Ils ont revendiqué, en s’amusant, une place de premier choix. Sont-ils vraiment accessoires quand les femmes les portent pour magnifier leur féminité ? Sont-ils accessoires quand ils apportent bien-être et plaisir tout une journée ou le temps d’un nuit folle ?

J’aime aussi votre griffe car vous avez le goût raffiné des matières, dentelle de Caudry, rubans de Saint-Etienne. Comme vous, je suis tombée amoureuse des matières et des savoir-faire : le jacquard, la soie, le ruban, les tresses, le lin de nos grands-mères et je suis aux anges, comme vous je crois, quand je visite une usine où se fabriquent ces merveilles, quand je rencontre les invisibles aux doigts de fée. Merci pour votre jolie préface du catalogue d’exposition, véritable déclaration d’amour au ruban !

Vous êtes une exploratrice tout terrain. Vous avez pratiqué dans les années 70 ce que l’on nomme aujourd’hui l’upcycling, c'est-à-dire l’art de la récup et le talent de détourner les matières, comme la nappe en toile cirée qui devient un trench imperméable. Toutes ces idées reviennent en force aujourd’hui  pour limiter la surproduction de textile !

Votre créativité a trouvé de multiples terrain de jeu et aujourd’hui vous avez aussi l’envie de transmettre, d’expliquer le chemin que vous avez emprunté, ici, à ces lycéens, à nous tous, là haut au cœur de l’exposition, sans oublier l’immense travail d’archivage de vos collections.

Merci d’être là avec nous,  Merci Madame Chantal Thomass !

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Sylvie Bourgougnon,
Créatrice Griffe de louves

La mode circulaire
s’attache à lutter

contre le gaspillage des ressources et à polluer le moins possible.